Passion des langues : apprendre une langue est sans doute plus facile qu’on le pense
Par Fabrice Knoll – Architecte, membre du Conseil de l’APEL Sainte Ursule
J’entends
souvent des phrases du type: « je ne suis pas doué pour les langues »,
« pour moi l’allemand, c’est du chinois », « je n’arrive pas à me faire
comprendre », « je ne sais pas à quel cours intensif de langue inscrire
mes enfants »…
J’ai
sans doute eu la chance de naître avec une passion pour les langues,
passion combinée avec une bonne oreille (ou peut-être juste une oreille
attentive ?), mais je voudrais souligner ici avant tout, qu’à mon sens,
la maîtrise des langues passe avant tout par l’écoute de l’autre.
Dans
les pays scandinaves, les enfants et les adultes regardent les films et
la télévision en version originale dès leur plus jeune âge. Sans doute,
parce que les quelques millions d’habitants qui parlent les langues
suédoise, danoise et norvégienne, langues influencées à la fois par leur
noroît d’origine, puis le français, l’allemand, l’anglais, ont vite
compris que l’anglais par exemple, serait un vecteur plus efficace pour
l’internationalisation de leurs entreprises et les voyages de leurs
étudiants.
Nous
avons la chance d’avoir une langue, - le français- exceptionnellement
riche par elle-même, et riche d’emprunts à nos voisins ou aux anciennes
colonies (ce dernier point que l’on a souvent tendance à oublier), et
nous avons depuis des siècles, la certitude d’avoir la ou une des plus
belles langues du monde.
Je
suis, moi aussi amoureux de notre langue, et je m’y sens chez moi (dans
la langue de Diderot, de Hugo, de Vian et d’Eluard). La construction
grammaticale d’une langue en dit long sur la manière de penser d’un
peuple, et la première chose que transmet un écrivain est sa propre
manière de coucher par écrit sa langue.Mais je me sens chez moi, et fort
heureusement, dans d’autres pays, grâce à ma connaissance de leurs
langues, et j’ai toujours perçu une écoute plus attentive de mes
interlocuteurs à ce que je leur itérais si je tentais de m’exprimer dans
leur langue, car ils se sentaient honorés de mon effort vers eux.
Et
c’est bien là que réside le nœud, à la fois de l’amitié avec les
autres, et de la transmission d’un message. Réalisons bien que notre
propre langue est parlée de différentes manières à l’intérieur de notre
propre pays, en fonction de la ville, de la région, de la catégorie
socio-professionnelle de celui qui la parle. Notre propre langue, doit
sans cesse être réapprise.
Un
des exercices les plus passionnants dans mon métier d’architecte, est
de convaincre les gens d’un projet, et de faire réaliser des choses
extraordinaires, à l’investisseur comme à l’ouvrier de chantier, au
responsable marketing, comme à la gouvernante générale, juste par la
qualité des mots que nous utilisons pour chaque interlocuteur si
différent de l’autre. Si différent ? Pas vraiment : le point commun
entre tous les êtres humains, est que l’individu est curieux de nature,
attend du respect des autres, et est prêt à entreprendre de belles
choses si on est suffisamment convaincant pour qu’il y croit.
J’ai
eu un jour une discussion très intéressante avec une pédiatre bien
connue, et qui avait travaillé à l’hôpital américain quelque temps, y
côtoyant nombre de nationalités différentes. Elle m’a précisé qu’un
enfant était capable d’apprendre et de différencier jusqu’à neuf langues
différentes dès son plus jeune âge, POUR PEU QUE CHAQUE LANGUE VENAIT
DU CŒUR, et était parlée naturellement.
Surtout,
ne vous stressez pas sur l’apprentissage d’une langue par vous ou vos
enfants. Commencez par le faire d’une manière ludique, et mettez un
point d’honneur à essayer de progresser tous les jours, et surtout de la
parler avec des gens dont c’est la langue maternelle. C’est très facile
de le faire, surtout à Paris. A une simple terrasse de café, vous
pouvez débuter une conversation avec un touriste dont vous êtes en train
d’apprendre la langue, dans le bus, au marché, partout, au lieu de vous
fermer l’oreille parce que vous entendez une autre langue, tendez-la,
et essayer de comprendre les mots. Je suis sûr que vous en reconnaîtrez
au moins un.
Plus
on apprend de langues, et plus cela devient facile de les apprendre. En
effet, d’abord le cerveau s’habitue à cette gymnastique d’ouvrir des
cases différentes en même temps et de les relier, mais également, on
trouve de plus en plus de points de comparaison entre les diverses
langues que l’on connaît et l’on crée de plus en plus de moyens
mnémotechniques pour apprendre les nouvelles.
Faites
apprendre à vos enfants le plus tôt possible différentes langues,
n’ayez pas peur qu’il y ait confusion, il y aura plutôt ouverture
d’esprit par la pratique des différentes grammaires et des différents
accents. On parle toujours de la globalisation : le premier des atouts
n’est pas forcément de tous parler un anglais approximatif (comme je
vois fréquemment dans mes réunions de travail à l’étranger) mais plutôt
d’apprendre différentes langues, et même parfois des langues que peu de
gens parlent. Et même ; amusez-vous à apprendre quelques mots essentiels
dans des tas de langues : bonjour, merci, au revoir, s’il vous plait,
ces clés de notre propre langue, seront les premières clés de vos
voyages à l’étranger.
Je
pourrais parler des langues encore pendant des heures, c’est une de mes
passions. Mais vous avez tous des choses à faire, et les statistiques
montrent qu’un article sur le web ne doit pas être trop long pour être
lu jusqu’au bout. Alors, à bientôt, et faites-moi plaisir, en refermant
votre ordinateur, allez apprendre un mot dans le dictionnaire de langue
de votre enfant, ou allez vous acheter un livre de poche dans une
collection bilingue, ou encore appelez un de vos amis étrangers, et
demandez-lui de vous apprendre un mot.
Bien à vous tous
Fabrice